La logique du marché pousse l’entreprise à sa restructuration interne, qui signifie une baisse du personnel.
Le reengineering – depuis plus de 20 ans – permet une organisation plus souple de l’entreprise, notamment grâce à un aplanissement des hiérarchies. Ces organisations accélèrent la production et son coût en supprimant un nombre considérable d’emplois, en particulier ceux des cadres moyens: 80% auront perdu leur emploi avant la fin du siècle.
Les progrès de la technologie finissent toujours par « filtrer » jusqu’au travailleur, avec des répercussions stimulantes sur l’emploi.
Marxs’opposa farouchement à cette idée en pronostiquant que le remplacement des travailleurs par des machines déboucherait au contraire sur une baisse du pouvoir d’achat et la création d’une « armée de réserve » de sans-emploi.
L’adoption de méthodes de production modernes a provoqué de nombreux licenciements et provoqué une surproduction et une pénurie d’acheteurs ; pour y faire face, les entrepreneurs ont choisi de faire de la consommation une vertu.
Cet évangile de la consommation de masse, utilisant la place sociale de l’individu pour créer un sentiment de besoin par identification, se révéla une méthode dangereuse : surgirent les conflits de classes au fur et à mesure que la situation de l’emploi s’aggravait.
La moitié des chômeurs ont perdu leur emploi à cause de la hausse de productivité.
Le rêve d’un paradis technologique
Pendant plus d’un siècle, des auteurs et des scientifiques rêvèrent d’un monde futur où les machines remplaceraient le travail humain. Ils dépeignirent ce monde comme un paradis dans lequel les machines travaillent et l’homme est libre de s’adonner à une vie de loisirs.
De grandes expositions internationales stimulèrent le désir de progrès technologique, notamment pendant la crise des années 1930.
Tous ces utopistes technologiques partagèrent le culte de l’efficacité.
Les principes de « management scientifique » prônés par Taylor devinrent la référence obligée en matière d’organisation du travail.
La manie de l’efficacité devint une croisade.
Elle atteignit tous les secteurs de la vie de l’Amérique, remodelant la société selon les critères chronométriques astreignants de la culture machinique et industrielle : entreprises, mais aussi administrations, services municipaux, système éducatif, vie quotidienne. L’électricité, puis le télégraphe et le téléphone, la batterie électrique, le cinéma, la radio firent caractériser le dernier quart du XIXe siècle d’ » âge mécanique « .
L’ingénieur, équipé des outils de l’efficacité, devint le nouveau héros. L’Amérique devint de plus en plus urbaine et industrialisée.
Les Technocrates, manifestaient le plus grand dédain pour la démocratie et le suffrage populaire, leur préférant le « pouvoir de la science », intégrant ainsi l’utopie technologique dans le processus politique. Son succès fût de courte durée, malgré les visions prometteuses de lendemains meilleurs où la technocratie permettrait de bannir le gaspillage, le chômage, la faim et l’insécurité.
L’ascension d’Hitler, puis les dégâts des bombes atomiques au Japon, permirent au peuple américain de comprendre que la technologie moderne permettait de détruire aussi bien que de créer l’avenir.
Malgré d’autres déceptions, comme la destruction de Challenger et de son équipage, ou l’explosion de Tchernobyl, l’utopie technologique reste réelle et attirante.
L’ère de l’information high-tech, à nos portes, amènera-t-elle la réalisation de cette utopie du remplacement du travail humain par les machines ? Avec l’irruption de l’Intelligence Artificielle, on doit croire à ce remplacement et à la Fin du Travail
