QUI SONT LES INTERVENANTS ?
LES RÉFUGIES
Plus de 500.000 migrants ont pénétré dans l’Union européenne entre janvier et août de cette année (contre 280.000 pour l’ensemble de 2014). Question sans réponse : où sont ces 500.000 « migrants » ? Dans les pays proches de la Syrie, on compte déjà plus de 4 millions de Syriens en exil, dont
- la Turquie accueille 1,9 million de réfugiés venant de Syrie
- le Liban accueille près de 1,2 million de réfugiés de Syrie, 20% de sa population
- la Jordanie accueille près de 650 000 réfugiés venant de Syrie, 10 % de sa population
- l’Irak accueille 250.000 réfugiés venant de Syrie.
- l’Égypte accueille 130.000 réfugiés venant de Syrie.
- L’Algérie a accueilli environ 12.000 réfugiés venant de Syrie
- Le Maroc a accueilli environ 4.000 réfugiés syriens
L’Allemagne hébergeait déjà 65.000 syriens en Janvier 2015, et, par la voix d’Angela Merkel, a déclaré – sous l’influence du patronat allemand – qu’elle accueillerait 800.000 de ces migrants !
Depuis son premier message, en deux semaines, Munich, la capitale bavaroise a accueilli plus de 65.000 demandeurs d’asile (Syriens ?), autant que le nombre total de ses syriens résidents, et l’Allemagne s’est vue, 48 heures après, obligée de fermer ses frontières avec l’Autriche, mais aussi avec la France, faisant voler en éclat les règles de Schengen.
Aveu d’impuissance qui donne raison aux pays qui ont refusé les quotas.
Trois semaines après la découverte d’Aylan, les « quotas obligatoires » ont disparus, mais toujours pas de position européenne commune : quelques pays – de l’Est, soulignent des médias orientés – déclarent ne pas être en capacité de les accueillir.
Ce 25 septembre, l’Allemagne, qui attend entre 800.000 et un million demandeurs d’asile cette année, estime que 30% d’entre eux ne sont pas de nationalité syrienne.
Parmi ceux qui sont originaires de Syrie, pays laïc et multiconfessionnel, quelle est la proportion de sunnites, de chiites, d’alaouites, de kurdes, de druzes, de chrétiens … et autres ?
Par rapport à la France, la plupart des réfugiés – on pourrait même dire candidats réfugiés – qu’ils soient syriens, irakiens, érythréens ne parlent pas notre langue, ne la lisent pas, ne l’écrivent pas, ne connaissent pas la France ni sa culture, ni ses lois, ni ses institutions : il faudra donc tout leur apprendre, depuis l’alphabet romain. Même si plusieurs ONG leur prêteront main forte, il s’agit d’une tâche titanesque, dans notre pays où il y a déjà 3 millions d’illettrés et où le nombre de supports et d’enseignants est déjà insuffisant.
LES FORCES SYRIENNES
ARMEE SYRIENNE
Bachar Al-Assad lutte depuis 2011 contre les diverses factions terroristes, et depuis juillet 2014 contre l’Etat Islamique qui a débordé la frontière Irakienne
MILICES
Plusieurs milices civiles appuient Bachar Al-Assad. Elles terrorisent les rebelles par qui elles sont craints. L’objectif est de faire régner la peur dans les rangs des rebelles. Il y a des milices de chrétiens, d’alaouites, de chiites, des unités tribales, des sunnites même.
FORCES KURDES (YPG)
Les Unités de défense du peuple kurde (YPG) combattent les djihadistes aussi bien en Irak qu’en Syrie. Cette milice kurde – estimée à 40.000 combattants très engagés – comprend de nombreuses femmes, 40 % des effectifs.
Novembre 2015: Appuyés par la coalition (USA surtout), les troupes kurdes en Irak ont réussi à chasser Daesh de la ville de Sinjar.
LES SUPPORTS AU RÉGIME SYRIEN
LA RUSSIE, L’IRAN et la CHINE
La Russie est liée à la Syrie depuis l’époque soviétique, pendant le règne d’Hafez el-Assad. En 1980, un traité de coopération sur vingt ans est signé par Hafez el-Assad et Leonid Brejnev. Elle s’oppose depuis 2011 à l’élimination de Bachar Al-Assad, et dénonce l’intervention de la coalition sans légitimité internationale.
La Russie a été appelée par Bachar Al-Assad en Septembre 2015 et est entrée en action depuis. D’importants dispositifs militaires et des troupes au sol interviennent depuis lors au côté des troupes syriennes loyalistes pour lutter contre les divers courants de l’insurrection: tant contre les rebelles modérés que contre al-Nosra et Daesh. Avec une efficacité remarquée, même si la coalition désespère de voir ses agents (rebelles modérés) contraints de battre en retraite.
Les frappes de la Russie contre des régions où agissent des rebelles turkmènes sont à l’origine d’une grave agression de la part de la Turquie (24 novembre 2015).
L’Iran – acteur essentiel du bloc chiite – est également entré en jeu, en accord avec les forces Russes pour des interventions en Irak notamment.
Les excellentes relations entre la Chine et l’Iran, deux « pays complémentaires » font que la Chine observe pour le moment (cela va-t-il durer?) une neutralité bienveillante vis à vis de la Syrie, le plus souvent en ligne avec la Russie.
LE LIBAN
Le Hezbollah libanais s’est massivement impliqué sur le terrain syrien. Au vu des fronts dont il a la charge, les experts estiment à 8 000 le nombre de combattants du parti chiite libanais engagés en Syrie
LA JORDANIE
Bien que membre de la coalition, Amman s’est rapprochée de Moscou, au nom d’une pure realpolitik. Après Israël, c’est le second voisin de la Syrie à coordonner avec Moscou ses opérations militaires au-delà de sa frontière nord. Le fragile royaume, agité par un terreau djihadiste historiquement puissant, fait figure en effet d’ultime rempart entre Daech et Israël. Le roi Abdallah II redoute une chute brutale du régime de Bachar el-Assad, avec lequel officiellement tous les liens ont été coupés, sauf entre services de renseignements, précise-t-on à Damas.
La Jordanie est le troisième pays d’accueil de réfugiés après la Turquie et le Liban.
L’IRAK
LES INSURGES
Les diverses factions d’insurgés sur le terrain Syrien sont nombreuses on en dénombre plus de 40.
Il est parfois difficile de décoder quels sont les motivations réelles de ces factions, dont certaines « mercenaires » tirent des profits financiers considérables de la part de leur sponsors.
L’ASL – En 2011 au début, l’Armée Syrienne Libre, formée de déserteurs de l’armée, était la principale force combattante. En 4 ans, ses effectifs sont passés de 20.000 à 140.000 puis retombés à 20.000. Cette ASL est soutenue par des pays du Golfe et par le CNS, «Conseil national syrien », lui même formé de sunnites et basé en Turquie.
Le Front al-Nosra, 2012, est un groupe armé salafiste djihadiste affilié à Al-Qaïda, l’un des plus importants groupes de rebelles. Il comporte environ 15.000 combattants en 2014. Al Nosra s’est rapproché un moment de l’EIIL, mais est redevenu indépendant.
Il a revendiqué plus de 1.000 attentats dont 200 attentats-suicides. Il est financé par des Koweitiens, des personnes des Emirats Arabe Unis, et recevrait l’aide (équipements militaires) de la Turquie.
Le Front Islamique, crée en 2013, rassemble 7 groupes de djihadistes sunnites, certains salafistes. Il est financé par le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie et regroupe environ 80.000 djihadistes.
Al-Khorasan – Affilié à Al-Qaïda, ses membres sont des djihadistes venant de plusieurs pays. Ce groupe est censé avoir pour but d’attaquer les pays occidentaux sur leur propre territoire.
Armée de la conquête. Groupe qui a rejoint le Front Al-Nosra
Front Islamique de libération de la Syrie. Groupe qui a rejoint le Front Islamique.
EIIL – L’Etat Islamique en Irak et au Levant à commencé à envahir la Syrie en juillet 2014.
LES SPONSORS DES INSURGES
Les diverses factions sont sponsorisées – financées, abritées, nourries, formées, soignées et équipées par les pays sunnites – principalement l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweit, Bahreïn, le Sultanat d’Oman, les E.A.U et la Turquie – qui s’emploient à déstabiliser les « non-sunnites » en Iran, en Irak, au Liban et en Syrie, mais aussi par des Occidentaux (USA, France, Royaume-Uni pour l’essentiel).
Par contre, ces pays, bien que voisins, n‘accueillent pas les réfugiés Syriens, – exception faite pour la Turquie et la Jordanie – alors même qu’ils partagent la même religion et ont des cultures similaires. .
LA TURQUIE
Le rôle de la Turquie est particulièrement équivoque, pour ne pas dire qu’il aide Daech,. Pour le moins, le président Erdogan oeuvre pour éliminer Assad, mais aussi pour anéantir les Kurdes.
Kobané
On a vu Kobané devenir le symbole de la sauvagerie de l’Etat islamique lors du siège de la troisième ville kurde syrienne. Erdogan a fait un rempart de ses chars pour empêcher les kurdes turcs de se joindre aux kurdes de Kobané.
Quel peut être le projet et le rôle de Recep Tayyip Erdogan ?
Sans doute l’occasion d’affaiblir le PKK et Bachar Al-Assad. Mais surtout on doit s’interroger sur les liens de ce très pieux président musulman avec l’Etat islamique. Ce très pieux président musulman qui vient de généraliser ses écoles coraniques « imam hatip », obligatoires pour les ‘mauvais élèves’ qui ne risquent pas ainsi de devenir des élites. Ce très pieux président musulman a peut-être la nostalgie de l’Empire Ottoman et rêve d’Abdlülmecid II, dernier Calife ottoman (aboli en 1924 par Atatürk, il y a 90 ans!).
Les faits sont là, et A+B donne C:
• Depuis 2011, la Turquie laisse passer sur son territoire les djihadistes et leurs armes qui rejoignent les groupes rebelles syriens
• Septembre 2014 – 49 turcs retenus en otage depuis juin par les djihadistes de l’État islamique ont été libérés ‘gracieusement’, aucun n’a été égorgé …. Quel est le deal ?
• Erdogan prétend ne pas s’engager, alors que les chars Turques protègent les djihadistes, bloquant le passage des kurdes de Turquie qui voudraient secourir Kobané.
Pour paraphraser Sartre, « ne pas s’engager, c’est déjà s’engager ».
• Le pétrole de Daesh – une de ses principales sources de financement – transite par la Turquie qui, sans doute, en assure la revente aux majors pétroliers.
• Un centre du Pentagone est installé en Turquie pour « former » 5.000 « rebelles modérés » qui sont ensuite équipés par le Pentagone (armes, véhicules) pour être infiltrés en Syrie. Ce programme a d’ailleurs été mis en échec, les rebelles infiltrés en août 2015 ayant vendu ces équipements à al-Nosra avant de disparaître.
• L’attentat du 10 octobre à Ankara – quelques semaines avant les élections – a été attribué à des kamikazes de l’EI. Il s’est avéré que ces deux kamikazes étaient parfaitement connus des services de sécurité. De là à penser à une machination, certains l’ont fait, d’autant que cela à été le prétexte pour bombarder, 3 jours plus tard, les positions du Parti des Travailleurs du Kurdistan.
• Plusieurs incidents contre la Russie depuis son entrée dans le paysage, au secours d’Assad.
Le plus grave, ce 24 novembre 2015, où un avion russe a été abattu par l’aviation turque, prétendant qu’il survolait la Turquie au sud de la ville de Yayladagi, zone frontalière. La raison réelle étant le bombardement par les russes des rebelles syriens turkmènes : c’est donc une agression délibérée de la Turquie contre la Syrie.
Chacun remarque que ces graves incidents ont lieu quelques jours après la réunion du G20 à Antalya où le président Vladimir Poutine a dénoncé – sans les nommer – les États participant à la conférence qui sponsorisent Daesh. Mis en cause pour ses violations des résolutions du Conseil de sécurité et son financement de Daesh, le président Recep Tayyip Erdoğan a accusé le coup.
C’est aussi la Turquie qui héberge le CNS, Le Conseil National Syrien, financé par le Qatar et la Turquie. Nombreux de ses membres appartiennent ou sont sous influences des « Frères Musulmans », fondamentalistes sunnites et anti-occident, interdits en Syrie ou en Egypte. Mais qui restent très influents au Moyen-Orient et en Turquie. Le CNS redistribuent les moyens financiers et militaires en particulier à l’ASL.
L’ARABIE SAOUDITE
Elle au cœur du conflit millénaire entre les sunnites et les chiites. Ce pays est régi par le wahhabisme, doctrine religieuse ultra-orthodoxe dont se revendique les intégristes actifs. Son principal souci est l’Iran et donc les alliés de l’Iran, Syrie et Liban. Sa puissance financière lui permet de financer des mouvements salafistes dans le monde entier, depuis plus de 60 ans.
Je recommande le livre de Pierre Conesa, Dr. Saoud et Mr. Djihad.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a maintenant une énorme quantité de documents et de rapports sur l’implication saoudienne dans le soutien direct au terrorisme en Syrie. Des responsables américains ont mis en garde Riyad que la Russie pourrait se baser sur ces données pour soutenir la demande de la Syrie d’adopter des sanctions contre tous les gouvernements impliqués dans le soutien au terrorisme.
LES MONARCHIES DU GOLF
Ce sont principalement le Qatar, le Koweit, les E.A.U. tous sunnites. Plusieurs personnages du Qatar financent et supporte les opposants à Bachar, ils interviennent aussi en Palestine et au Liban.
LES OCCIDENTAUX
LES ETATS-UNIS
ISRAËL
Israël, en conflit permanent avec le complexe Palestine-Syrie-Iran-Turquie est logiquement hostile à Assad et enclin à soutenir l’opposition. Le ministre de la Défense israélien a reconnu officiellement apporter une « aide humanitaire » aux « rebelles » syriens en échange de l’engagement des combattants sunnites de ne pas s’attaquer à la minorité druze.
« Ce n’est un secret pour personne que les villages frontaliers syriens reçoivent une aide humanitaire », a-t-il dit, ajoutant être parfaitement conscient que des rebelles figurent parmi les Syriens auxquels l’Etat hébreu vient en aide sous forme de soins aux blessés, sans préciser s’il s’agissait de djihadistes de Daech ou d’al-Nosra ou de combattants de l’Armée syrienne libre présents dans le secteur.
Mais les positions ont évolué récemment, et Poutine a annoncé une relation coordination et de partage de renseignements avec le haut commandement militaire d’Israël, reposant sur ce qu’il a souligné être l’intérêt national d’Israël dans la sécurité de la Syrie. Il a dit devoir encore discuter du problème des attaques aériennes d’Israël (sur la Syrie).
EN EUROPE
LA FRANCE
Dès le début de l’insurrection, la France soutient les « rebelles modérés » Syriens – dont l’ASL – en lutte contre les forces loyalistes. Des livraisons d’armes à des rebelles – y compris à Al-Nosra – sont intervenues pour que ces rebelles puissent intensifier leurs ataques face aux armées de Bachar al-Assad. On rappelle que Fabius avait estimé que Al-Nosra faisiat « un bon boulot” alors que les Etats-Unis ont placé ce groupe sur la liste des organisations terroristes. L’utilisation des armes chimiques par les rebelles – toujours modérés – selon l’enquête menée par Carla del Ponte, n’a pas modifié la ligne de la France, ni l’obstination de Fabius à vouloir éliminer Assad, même après l’arrivée de la Russie dans le paysage.
LE ROYAUME UNI
L’ALLEMAGNE
L’ITALIE
LA GRECE